image titre
image titre
image menu

 

ps_3.png
nouvelle

C'est au prix d'une volonté puisée en des limbes étrangers que tout, en soi, hormis la vie du corps, devient taiseux.

L'enfance ne l'entend pas ainsi, à l'affut d'un remplissage qui écarte les spectres : Repousser l'absence par le cri, raccrocher sa vie à celle des bruits familiers. Depuis cette seconde où les sons parviennent au cerveau foetal, vivre est d'abord musique. La voix et le coeur de la mère, puis d'autres sons suggérant l'étranger à soi, sont les premières mesures d'une partition dont les mouvements introduisent à la différenciation, à la vie intime, à l'instinct d'autonomie. Sans le bruit, le son, le cri, le rythme, sans le frottement et les vibrations, pas d'absence, pas de silence naissant comme l'ombre par la lumière.

Un jour discret jusqu'à l'inaperçu, l'absence par résignation dans l'apprentissage de la solitude bascule dans l'accueil par l'acceptation. Et une nouvelle partition, plus fine, plus élaborée, technique et construite, s'ouvre et se réouvre sous l'impulsion du désir.
Une voix soliste s'éleve dans l'air saturé.

Un jour de fête pour l'être tout entier ravi du savoir-jouer-de-soi, le silence devient respiration. Il requiert une place bien à lui sur la portée, donne sa pleine puissance aux notes qui s'avancent dans le clair-obscur d'un chant baroque.

J'ignore pourquoi je renoue à l'instant avec ce souvenir de moi à seize ans, faisant corps avec un strapontin de velours rouge usé jusqu'à la corde, noyée dans la foule des visages absorbés par l'écran de ce petit théâtre beaunois transformé en cinéma. Mnouchkine raconte Molière, les battements de son verbe, sa fin qui est début, et Klaus Nomi respirant Purcell , donnant du souffle à la place de celui qui entre dans son propre silence.

 

tous droits réservés
site web déposé à la SCAM